Sites pilotes de restauration des écosystèmes de haut-de-plage (ONF)

Contexte

Les îles de l’archipel caribéen, déjà sujettes au passage de violents cyclones qui provoquent érosion et submersion océanique, seront confrontées, dans les prochaines décennies, à une augmentation globale du niveau des mers ainsi qu’à une intensification de la puissance des cyclones. En outre, la topographie et la taille limitée des îles concentrent une grande partie de l’activité humaine et commerciale sur le littoral (commerce maritime, pêche et tourisme balnéaire). Les choix d’aménagement pour la préservation du littoral et des activités humaines se portent souvent sur la construction d’ouvrages fixes aux nombreux effets indésirables (aggravation de l’érosion, baisse d’attractivité touristique). Pourtant, les écosystèmes sains apparaissent efficaces pour réduire les risques littoraux. Malheureusement, la perte ou la dégradation de ces environnements initiaux induit de facto la disparition de leur capacité de protection lors d’événements extrêmes. Afin de renforcer cette première ligne de défense côtière, il est possible d’investir pour la réduction des risques induits par le changement climatique en restaurant et en préservant les écosystèmes littoraux, comme les écosystèmes de haut de plage.

L’action de l’ONF s’appuie sur des solutions d’adaptation fondées sur la nature (SafN) pour réduire les risques côtiers engendrés par l’érosion et les cyclones ou tempêtes touchant les plages de quatre sites pilotes en Guadeloupe : la plage d’Anse Maurice (Petit-Canal), face à l’Océan Atlantique, celle de Clugny (Sainte-Rose), à la limite de la mer des Caraïbes, la plage de Petit-Havre (Le Gosier), à l’entrée du Petit Cul-de-Sac Marin et les plages d’Anse à Gourde et des Salines, à la Pointe des Châteaux. Sélectionnées pour l’importance de l’érosion subie au cours des dernières décennies et pour l’état de dégradation de la forêt littorale, ces plages boisées et leurs récifs, exposés aux houles cycloniques, représentent des situations littorales typiques des Antilles. Elles subissent également l’impact d’une forte fréquentation et ont été modifiées par l’homme, voire urbanisées.

Erosion à l’Anse des Salines (Pointe des Châteaux) : en bleu, le trait de côte actuel ; en rouge, celui de 1950

Objectifs

Les actions réalisées sur les sites pilotes répondent précisément à diminuer ces impacts du changement climatique en consolidant fortement la couverture herbacée et arborée. Sur la plage de Clugny, l’opération doit aussi permettre de préserver l’axe indispensable de la route nationale littorale, route fréquemment submergée lors des fortes houles et à terme menacée par l’érosion. Le renforcement arboré mis en place sur la plage urbanisée de Petit-Havre permettra d’atténuer les impacts sur le bâti liés, notamment, aux vents cycloniques.

Principaux résultats obtenus et attendus

Les actions mises en place sur les sites pilotes de l’ONF visent donc principalement à rétablir l’équilibre écologique rompu par la fréquentation et restaurer la végétation de haut de plage, en implantant notamment des enclos de régénération évitant les piétinements de plantules sans entraver la fréquentation des plages. Adossés à des semenciers existants pour favoriser la régénération naturelle, ces enclos ont fait l’objet de plantations avec des écoles et des associations bénévoles sur les trois sites pilotes. Environ 500 plants de plus de 30 espèces ont été utilisés, parmi eux le catalpa, le raisinier bord de mer, le bois couleuvre, le romarin noir, l’olivier bord de mer ou le poirier pays. Le choix des plantes, toutes indigènes, s’est basé sur leur adaptation au site, leur capacité de prévention de l’érosion et leur intérêt pour restaurer la diversité végétale originelle. Une attention particulière a été portée sur la structure de la végétation de haut-de-plage en favorisant la succession des strates herbacée, arbustive et arborée, afin de restaurer son rôle fonctionnel.

Concrètement, la mise en place de ces solutions fondées sur la Nature ont permis et vont permettre sur ces trois sites pilotes :

  • la lutte contre l’érosion marine par consolidation en plusieurs phases de la plage grâce à un couvert végétal qui va évoluer : la mise en enclos a permis d’abord d’éviter le piétinement et donc à une couverture herbacée dense de s’installer. Les plantations d’arbustes et d’arbres devraient ensuite couvrir cette strate et compléter la couverture arborée actuelle très appauvrie de ces deux plages.
  • la lutte contre l’érosion terrestre à Anse Maurice et à Petit-Havre, notamment en plantant dans les ravinements actuels consécutifs à l’appauvrissement de l’ancienne couverture arborée
  • l’enrichissement en espèces locales avec 30 espèces indigènes sur ces deux plages car ces plages présentent un cortège très dégradé d’arbres avec seulement 4 espèces indigènes à Anse Maurice.
  • la restauration et la consolidation du rôle d’habitat pour les tortues marines, en canalisant la fréquentation et en permettant le retour de la végétation nécessaire à certaines espèces au sein d’enclos compatibles avec le passage des tortues
  • l’amélioration du potentiel socio-économique de ces écosystèmes en gérant la fréquentation 

Le suivi photographique des enclos, organisé à une fréquence trimestrielle, a permis de démontrer qualitativement la reprise et le développement de la végétation issue de la régénération naturelle notamment. La réussite des plantations a elle été documentée par le suivi de la mortalité, effectué tous les 6 mois. Cela a mis en exergue l’efficacité des enclos de régénération, notamment dans la restauration rapide de la strate herbacée.

Un enclos de régénération à Anse Maurice, état initial
Le même enclos de régénération à Anse Maurice, 15 mois plus tard

Pour aller plus loin : Vidéo de présentation ici

Contact : Noémie Videau, noemie.videau@onf.fr