Anse-Maurice : détails des actions menées sur ce site pilote du projet Carib-Coast

Anse-Maurice : détails des actions menées sur ce site pilote du projet Carib-Coast

La plage de l’Anse Maurice, située en Guadeloupe sur la Commune de Petit-Canal, a été choisie comme site pilote d’expérimentation Carib-Coast en raison du constat d’un recul prononcé du trait de côte et de la limite de végétation depuis 1950 (plus de 30m), ainsi que de la perte progressive du caractère naturel de cette plage. En d’autres termes, il a été envisagé de restaurer le site en s’appuyant sur les services naturels joués par la forêt littorale pour atténuer le recul du trait de côte (notion de services écosystémiques).

CONSTAT :

Le site fait face à une forte érosion ayant plusieurs origines:

  • Une érosion marine, en partie naturelle mais accentuée par la montée du niveau marin que génère le changement climatique (fonte des glaciers et dilatation thermique des océans qui se réchauffent) et par la dégradation des écosystèmes marins (récifs coralliens, herbiers marins) atténuateurs naturels de houle, sous l’action du changement climatique et de la pollution des eaux ;
  • Une érosion pluviale : les eaux de pluie issues des versants jouxtant le site se rejoignent et se concentrent sur la plage, emportant une grande quantité de sédiments sur leur passage ;
  • Une érosion anthropique, liée
    • Au ramassage mécanique des sargasses (une quantité de sable non négligeable est enlevée de la plage avec les sargasses malgré l’emploi de cribleuses) ;
    • Au passage d’engins motorisés sur le front de mer (voitures, cribleuses, 2 roues) qui ont pour résultante de fortement tasser le sol et de déstructurer l’organisation spatiale des grains de sable, rendant le littoral plus friable et fragile et empêchant les jeunes plantules de se développer ;
    • A la destruction directe par l’homme de certaines parties de la caye dans le but de créer des zones de fond sableux pour un meilleur confort des baigneurs.

La végétation est en mauvais état, le couvert végétal peu dense, et très peu de jeunes plantules et arbres se développent sur le site. La pérennité de cette plage assez sauvage est par conséquent menacée.

CE QUE NOUS DIT LA SCIENCE :

Il est prouvé que la présence d’un cordon végétal dense et diversifié en espèces permet de constituer un écosystème à même de jouer un rôle non négligeable dans l’atténuation du recul du trait de côte. Ainsi,

  • Les feuilles atténuent l’impact au sol de la pluie, phénomène à l’origine d’une déstructuration de surface du sol, pouvant mettre en mouvement les sédiments et les grains de sable ;
  • Les parties aériennes des végétaux (troncs, branches, feuilles) constituent des obstacles aux particules mises en mouvement sous l’action de l’eau ou du vent et permettent de les retenir et de les agréger ;
  • Les racines des végétaux, et en particulier celles de la végétation rampante (Pois bord de mer – Canavalia rosea, Patate bord de mer – Ipomoea pes-caprae, Herbe bord de mer – Sporobulus virginicus), constituent un treillis qui maintient le sable en place et l’empêche de partir au large.

ACTIONS :

Au regard de ces éléments, l’ONF a choisi d’aménager cette plage en s’appuyant sur les services écosystémiques, aussi appelés Solutions fondées sur la Nature, pour densifier le couvert végétal et ainsi lutter contre l’érosion :

  • Canalisation du flux de véhicules et de visiteurs ;
  • Curage des fossés pluviaux ;
  • Mise en place d’enclos de régénération complétés avec des plantations d’enrichissement en espèces natives.

Huit enclos de régénération ont ainsi été mis en place sur le site par les équipes de l’ONF Guadeloupe après un décompactage préalable de certaines zones. Ils occupent une surface comprise entre 150 et 1000 m2, pour un total de 4130 m2.

Ces enclos constituent des espaces mis en défens matérialisés par des piquets en bois reliés entre eux par 3 hauteurs de fil. La protection de ces espaces par la mise en défens permet d’éviter le piétinement responsable de la casse des jeunes plantules et constitue ainsi un gage de régénération et de renouvellement de la végétation du site.

En raison de la présence de caprins sur Anse Maurice, qui peuvent brouter les jeunes plantes, un grillage de protection complémentaire a été installé autour des enclos.

Suite à l’atténuation de la pression exercée par la fréquentation, la végétation se développe très rapidement au sein des enclos à partir de la banque de graines contenues dans le sol. Néanmoins, afin de diversifier les espèces présentes sur le site de Anse Maurice, le choix a été fait de compléter la régénération naturelle par de la plantation d’espèces cultivées en pépinière, typiques du bord de mer et indigènes de Guadeloupe.

Des actions complémentaires aux enclos de régénération ont également été menées grâce à un financement FEADER et ont le même objectif de protection contre l’érosion du littoral de Anse Maurice :

  • Des blocs rocheux en tuf ont été disposés en limite du cordon forestier littoral afin d’empêcher le passage d’engins motorisés sur le bord de mer et de ce fait limiter les dégradations qui pourraient être apportées sur la végétation et la plage par leur circulation ;
  • Le fossé bordier, qui délimite l’espace de parking de la plage à proprement parler et qui sert à canaliser l’écoulement des eaux pluviales, a été curé. Il était comblé et ne jouait par conséquent plus son rôle, occasionnant une érosion pluviale accrue lors des épisodes de forte pluie.

BILAN :

Les actions menées sur le site ont pour objectif principal d’atténuer le recul du trait de côte constaté sur la plage de Anse Maurice. Néanmoins, les bénéfices attendus vont au-delà de la seule protection face à l’érosion. La forêt littorale rend de nombreux autres précieux services :

  • Elle joue un rôle d’épuration des eaux, phénomène qui a un impact direct sur la qualité des eaux de baignade, et qui a une incidence sur l’état de santé des écosystèmes marins (récifs coralliens, herbiers marins et l’ensemble de la faune aquatique associée) ;
  • Elle apporte un ombrage recherché par les usagers de la plage aux heures les plus chaudes ;
  • Elle permet d’assurer les continuités écologiques, de renforcer la biodiversité locale, et constitue un milieu favorable à la ponte des tortues marines ;
  • Enfin, même si cet apport reste minime en raison de la faible superficie du site, la forêt contribue à stocker du carbone et participe ainsi à la lutte contre le changement climatique.

Contacts ONF :

Vue aerienne du site
Enclos de régénération

Panneau d’information

Blocs rocheux

Plantation

Plantation